Benoit Hasse et Anne-Laure Abraham La famille de Fabrice crie au règlement de compte La vie de Sylviane a basculé le 15 mars dernier. Ce jour-là, cette mère de famille a appris que son fils aîné, Fabrice, âgé de 28 ans, avait été abattu de cinq balles dans la tête et le thorax à Boissy-Saint-Léger (Val-de-Marne). Trois mois plus tôt, un autre de ses fils, Julien, 25 ans, avait été écroué pour un meurtre commis dans la cité Riquet, dans le XIXe . Aujourd’hui, la mère de famille ne veut pas qu’on oublie l’aîné de cette fratrie de six enfants. « Fabrice était quelqu’un de bien : bosseur, généreux… Pour moi, il a fait l’objet d’un règlement de comptes. » L’enquête de la brigade criminelle sur ce meurtre n’a pas encore abouti. Mais selon Sylviane, il ne fait aucun doute que le drame est lié à la série de violences qui s’est déroulée il y a un an entre des bandes rivales de la cité Riquet et de la cité Curial, où tous ses enfants ont grandi. L’escalade de la violence avait débuté le 8 septembre 2008 dans la rue Mathis. Djamel Z., un jeune homme du quartier Riquet âgé de 23 ans, avait été pris pour cible par deux tireurs à moto. Grièvement blessé, il est mort dans un fast-food voisin où il s’était réfugié. « Des gens lui ont dit qu’il y avait un contrat sur sa tête » En janvier, Fabrice et Julien ont été interpellés dans la cité Curial par les hommes de la brigade criminelle qui enquêtaient sur le meurtre de la rue Mathis. Julien, désigné comme l’auteur des tirs mortels par plusieurs témoins (dont certains se sont rétractés depuis), a été incarcéré. Son frère, Fabrice, mis hors de cause, a quant à lui été remis en liberté à l’issue de sa garde à vue. « Il n’avait rien à voir avec ce meurtre, il n’était même pas là le jour où ça s’est passé, clame la mère du jeune homme. Malgré cela, notre famille a été montrée du doigt. Des gens ont dit à Fabrice qu’il y avait un contrat sur sa tête. Je suis sûre qu’il a été suivi. » Pour preuve de ce qu’elle avance, Sylviane montre des messages qui ont circulé sur Internet peu après l’enterrement de la victime de la rue Mathis. « Certains vont vouloir se venger eux-même », peut-on lire sur une page imprimée. Pour la mère, le message est clair. Mais les investigations menées par la police n’ont pas permis à la justice de trouver d’autre rapport entre les deux affaires que le lien de parenté entre Fabrice et Julien. Aujourd’hui, la famille qui habitait (presque au complet) dans la cité Curial a quitté Paris. Julien, mis en examen pour assassinat, est toujours en détention provisoire à Fleury-Mérogis. Il continue de clamer son innocence et à fait plusieurs demandes de remise en liberté. La dernière, le 15 septembre dernier, a une nouvelle fois été rejetée.