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La prison : une machine à tuer ?

26 octobre 20080

Depuis plus de vingt ans, tous les professionnels du droit et ceux de l’administration pénitentiaire savent que les prisons françaises sont surpeuplées et insalubres. Elisabeth Guigou a bien essayé de réduire le nombre des prisonniers en inventant les libérations conditionnelles parentales et les bracelets électroniques comme substitut à l’emprisonnement. Peine perdue puisque Rachida Dati, forte de son inexpérience du monde carcéral, a fait voter au Parlement les peines planchers et les peines à vie pour les délinquants réputés dangereux. Avec 64 000 détenus pour 53 000 places disponibles, les prisons et leurs personnels ne tiendront plus longtemps. Pour la première fois un front syndical uni se lève pour dénoncer la politique suicidaire du garde des sceaux. Que faut-il faire pour qu’elle comprenne ? Ce n’est pas son arrogance du « je ne suis pas la première à essuyer la grogne du personnel pénitentiaire», ni les 81 suicides depuis le début de l’année qui feront évoluer la situation. Depuis dix-huit ans, j’ai vu la population carcérale changée, les surveillants et l’encadrement dépassés par les missions toujours plus nombreuses et impossibles à mettre en œuvre. Ils veulent travailler, mais ils sont découragés, dégoûtés par le silence amnésique de la chancellerie. Les surveillants espèrent qu’ils ne sont plus des « portes clés », le garde des sceaux leur rappelle sans ambages qu’ils ne sont que cela. Madame Dati, 80% des prisonniers actuellement détenus en France n’ont rien à faire entre quatre murs de 9 m2, à trois ou quatre, avec des latrines dans la cellule où les détenus jètent pudiquement une couverture pour chercher un peu d’intimité. Madame, 30% des prisonniers sont détenus pour des infractions à caractère sexuel. Ne vous êtes vous pas rendue compte du taux élevé de récidive des délinquants sexuels ? Ne pensez-vous qu’en dehors de l’élimination de ces hommes de la société, la prison ne sert à rien ? Ne peut-on pas penser qu’ils relèvent de la psychiatrie criminelle et que les pathologies qu’ils développent devraient êtres traités en milieu hospitalier. Madame, 30% des prisonniers sont détenus pour des infractions liées à la toxicomanie. Je veux parler du trafic de stupéfiants mais aussi des agressions physiques, des vols et des cambriolages. Combien sont prêts à tout pour un peu d’argent afin d’acheter leur dose ? Le sevrage carcéral n’a jamais fait de miracle. Dès leur sortie, ils recommencent et souvent plus fort pour combler le manque et oublier l’enfer dans lequel ils ont été plongés derrière les barreaux. La prison n’est pas une camisole, mais une école où l’on trouve facilement toutes les substances toxiques, où l’on rencontre des trafiquants de drogue qui enrôlent les plus faibles pour les faire travailler. Ils doivent être soigné dans des hôpitaux où leur toxicomanie sera reconnue et traitée. Madame, 20% des prisonniers sont détenus pour des infractions liées à leur statut d’étranger. Il y a ceux qui refusent de rentrer dans leur pays d’origine et ceux qui commettent des vols pour survivre car ils n’ont pas le droit de travailler. La prison ne change rien pour eux, sauf à les paupériser un peu plus. Il faut avoir le courage de ses opinions : Une vraie politique de droite ne doit pas les pousser en prison, mais les reconduire dans leur pays d’origine ; une vraie politique humaniste doit leur donner une réelle chance de s’intégrer en France. Dés 2012, selon les statistiques de l’OCDE, la France recherchera une main d’œuvre étrangère. Madame, tout cela a un coût, mais, je ne suis pas sûr qu’avec une politique à la petite semaine (trois lois en deux ans pour les étrangers et la procédure pénale), le coût budgétaire ne soit encore plus élevé. Avec une vraie politique pénitentiaire, il ne servirait plus à rien de construire des prisons puisque le nombre de détenus serait divisé par six. Il faut arrêter de mettre des enfants en prison, ils se suicident de désespoir: l’échec est celui de la société tout entière. Madame, vous faites partie d’un gouvernement qui se veut celui de la réforme et de la modernité. Réfléchissez, montrez que vous n’avez pas peur de l’opinion publique et de ses peurs irrationnelles. Montrez- vous digne de votre fonction !

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