Le scénario livré aux gendarmes de la section de recherches de Reims par Murielle Bonin, jeudi matin, lors de la dernière heure de sa garde à vue, ne permet pas de faire toute la lumière sur cette funeste soirée du 15 juillet dernier, au cours de laquelle Sylvain Dromard aurait, selon elle, assassiné son épouse à coups de batte de base-ball avant de se rendre, comme si de rien n’était, à un rendez-vous professionnel puis de revenir au domicile conjugal pour y découvrir le corps agonisant de Laurence Dromard gisant dans une mare de sang. La présence de traces supposées être du sang, révélées chimiquement dans la voiture de la maîtresse, soulève en l’occurrence plusieurs questions, en particulier s’il s’avère qu’il s’agit là du sang de la victime (les résultats d’analyse le diront). Dans ce cas, la première paraît évidente : en effet, comment expliquer leur présence à cet endroit alors que Murielle Bonin prétend ne pas avoir participé au meurtre ? Voilà une énigme ! Pour bien comprendre, il faut se rappeler les différents témoignages recueillis au lendemain des faits parmi le voisinage du couple Dromard : il apparaissait alors que Sylvain Dromard était revenu de son rendez-vous d’affaires aux alentours de 22 heures, à bord de son véhicule professionnel. Pour les personnes interrogées, cela ne faisait aucun doute, toutes en ayant reconnu le bruit familier du moteur. Par ailleurs, si l’on en croit la version de Murielle Bonin, tout laisse en outre à penser que Sylvain Dromard, vraisemblablement souillé par des projections organiques compte tenu de la violence des coups portés au visage de son épouse, se serait alors changé avant de partir à son fameux rendez-vous. A-t-elle livré toute la vérité ? Or, c’est là que le bât blesse : Où a-t-il dans ce cas enfilé d’autres vêtements ? Et que sont devenus ses affaires probablement tachées de sang ? Un mystère de plus, mais à cela plusieurs hypothèses tout de même : soit l’artisan menuisier s’est changé chez lui, soit chez Murielle Bonin, chez qui il avait déjà vécu. Ou bien ailleurs. Seulement, aurait-il eu le temps matériel de se rendre de Saint-Martin d’Ablois à Saint-Imoges ou alentours et de parvenir ensuite à l’heure à son rendez-vous ? Rien n’est moins sûr. Ce qui rendrait donc plus probable la première hypothèse. Dès lors, il n’est pas impossible que Sylvain Dromard ait pu confier à Murielle Bonin, ses vêtements et la batte de base-ball ayant servi au crime, afin qu’elle s’en débarrasse ? Le cas échéant, il n’est pas exclu non plus que celle-ci l’ait attendu quelque part, non loin de l’impasse de la rue Julien-Ducos ou sur son trajet, afin de les récupérer puis de partir au volant de son véhicule faire disparaître toutes les preuves, de même, peut-être, que son téléphone portable. C’est en tout cas l’une des énigmes sur lesquelles travaillent les enquêteurs. Une énigme d’autant plus complexe que la batte de base-ball n’a pas été retrouvée puisqu’elle aurait été brûlée par Sylvain Dromard, selon sa maîtresse. Ajouté à cela, l’absence d’explication de la part de Murielle Bonin quant à la présence dans sa voiture, de ces taches supposées être du sang. Mais le fait que celle-ci ait cherché à se construire un alibi auprès de proches le soir du meurtre, apparaît toutefois plus que suspect. En effet, pourquoi avoir agi ainsi si, comme elle le prétend, elle n’a pas participé au meurtre ? En dépit de ces incohérences, Murielle Bonin demeure cependant la seule à avoir livré une version des faits. Certaines de ses déclarations faites au cours de sa garde à vue, ont d’ailleurs été corroborées par des éléments matériels recueillis au cours de l’enquête. Mais il se pourrait néanmoins qu’elle n’ait pas livré toute la vérité aux gendarmes dans le but de minimiser sa responsabilité dans l’assassinat de Laurence Dromard. Toutes ces zones d’ombre ne manquent pas, en tout cas, de compliquer une enquête qui s’annonce encore longue. D’autant que pour le moment, Sylvain Dromard, lui, semble plutôt enclin à se taire.