Deux mondes que tout oppose, deux visions, vont se confronter devant le tribunal correctionnel : d’un côté des partisans de la chasse à courre, de l’autre des militants de la cause animale, qui combattent pareillement la corrida, la fourrure, les excès de la vivisection… L’affaire remonte au 20 octobre 2007, sur la commune des Bréviaires (Yvelines) nichée dans la forêt de Rambouillet. Selon la version des chasseurs, une quarantaine de personnes habillées de noir et masquées avaient « violemment agressé » l’équipage de Bonnelles-Rambouillet, en brandissant des filets et des bâtons contre les cavaliers et leurs montures pour les effrayer, aux cris de « Assassins! ». Des accusations qui collent peu au profil des militants jugés jeudi, selon leur avocat Me Pierre Lumbroso : « Ce ne sont pas des gens violents assoiffés de sang, juste des gens pacifistes qui s’opposent à une pratique qui vise au bout du compte à épuiser et égorger un animal. » Les trois membres du bureau de l’association Droit des animaux avaient été mis en examen pour « violences » et « entrave à la liberté d’association », au terme d’une instruction « qui a traîné avant d’être relancée en 2012 par une juge d’instruction pro-chasse », affirme l’avocat. « Elle a conseillé à un de mes clients de lire le bouquin +La Grande meute+ de Paul Vialar », culte chez les veneurs, « que ça lui permettrait de mieux comprendre la chasse ! ». L’association organisatrice de la partie de chasse, l’équipage de Bonnelles-Rambouillet, avait déposé une plainte avec constitution de partie civile en 2009 après qu’une première plainte avait été classée sans suite. Contacté, son avocat, Me Patrick de Clerck, n’a pas souhaité s’exprimer à propos de l’affaire. A l’époque des faits, il existait un flou juridique à propos de ces opérations de « hunt sabotage » visant à empêcher les parties de chasse, mais depuis, une contravention pour « obstruction à un acte de chasse » passible de 1.500 euros d’amende a été créée en 2010. La chasse à courre regroupe en France 420 équipages, 10.000 veneurs et quelque 150.000 « suiveurs » (à pied ou à vélo), selon le site officiel de la vènerie. Dans cette pratique ancestrale controversée, des veneurs à pied ou à cheval poursuivent en « équipage » un animal sauvage (du lapin au cerf) avec une meute de chiens jusqu’à l’hallali. 4.000 animaux sont ainsi tués chaque année.