Dans son numéro en vente en kiosques demain, « Marianne » décrypte la communication hypertrompeuse du géant du fast-food. Au cours de cette enquête, nous avons appris qu’une plainte pour « fraude fiscale » avait été déposée, fin mai, auprès du procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Versailles par le secrétaire du Comité d’entreprise des « McDonald’s Ouest parisien » qui regroupe 17 restaurants de l’enseigne. Les temps sont durs pour McDonald’s. Le 22 avril dernier, le géant du fast-food a annoncé une baisse de son bénéfice au premier trimestre 2014 au niveau mondial. En France aussi, la situation ne semble pas s’être redressée depuis la baisse historique des ventes enregistrée au premier semestre 2013. En outre, les révélations publiées en janvier par L’Expansion sur une enquête du fisc français portant sur un soupçon d’évasion fiscal a terni l’image de la filiale française. Dans ce contexte, l’élection des représentants du Comité d’entreprise au sein de 17 restaurants regroupés sous l’enseigne « McDonald’s Ouest parisien » (MOP) représente un risque pour le groupe. La bataille syndicale en effet n’est pas restée cantonnée aux débats habituels sur les places de cinéma et les locations de bungalows proposées à ses salariés. Pour la CGT et l’UNSA, la campagne a d’abord porté sur le résultat d’un rapport d’expertise au terme duquel 203 639 euros auraient été « détournés » entre 2008 et 2012, alors que les élus FO et CFDT avaient le contrôle du Comité d’entreprise. A l’époque, la passivité de la direction a alimenté, dans les rangs des salariés, le soupçon de connivence avec deux syndicats bien vus au siège de McDonald’s France, à Guyancourt. Or, les résultats enregistrés ce mercredi 11 juin sont nets et témoignent, à tout le moins, de la préoccupation des salariés puisque l’UNSA a obtenu 176 voix dans le collège employé, la CGT 138 voix, devançant FO (106 voix) et la CFDT (101 voix). La menace se précise donc pour la filiale française. La CGT et l’UNSA ont cherché, au cours des derniers mois, à obtenir des informations précises sur les structures juridiques complexes qui, au bout du compte, privent les salariés d’intéressement, même lorsque les restaurants dans lesquels ils travaillent attirent une clientèle nombreuse et semblent florissants. Plus précisément, rapport d’expertise comptable à la clé, ils ont déclenché leur droit d’alerte afin d’obliger la direction à répondre à certaines questions gênantes concernant les relations entre les restaurants gérés par McDonald’s, d’une part, la structure McDonald’s France et la maison mère McDonald’s Corporation dont le siège est aux Etats-Unis, d’autres part. D’autres entités répertoriées dans différents pays fiscalement cléments, dont le Luxembourg, suscitent également leur inquiétude. D’où ces questions en rafale : « Quelle est la règle qui détermine le prix de la redevance « standard », payés par chaque restaurant à l’enseigne ? Quelle est la marge précise réalisée par McDonald’s sur le montant des redevances perçues ? Quel est le cheminement précis des sommes perçues au titre des redevances « standards » par McDonald’s France vers McDonald’s Corporation ? Quel est l’organigramme des filiales de la société McDonald’s France ? L’impôt est-il payé sur le montant des redevances perçues ? Quel est le détail du contrôle fiscal en cours dans le groupe ? Le groupe utilise-t-il des sociétés off shore ou des paradis fiscaux pour échapper à l’impôt sur le territoire français ? ». Faute de réponses satisfaisantes, le secrétaire du CE, un élu CGT, a déposé une plainte fin mai auprès du procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Versailles, visant explicitement une « fraude fiscale ». Cette plainte, que Marianne a pu consulter, ne démontre aucunement la réalité de l’évasion fiscale, démentie d’ailleurs par McDonald’s France. En revanche, elle témoigne de l’opacité d’une entreprise qui communique, beaucoup et sans cesse (ce que montre d’ailleurs notre dossier dans notre numéro à paraître en kiosques cette semaine), mais répugne à répondre aux questions précises qui lui sont formulées. Nul doute qu’au sujet de cette plainte, McDonald’s prendra le temps de communiquer. Marianne sera très heureux d’accueillir sa réponse…