La jeune femme, ancienne gérante d’un salon de massage, est mise en examen pour assassinat. Elle a une nouvelle fois contesté les faits devant la chambre de l’instruction de Rennes. Jeudi, en une vingtaine de minutes, le président de la chambre de l’instruction a résumé l’affaire du « corps dans la valise ». En juillet 2011, un bagage contenant le cadavre d’un homme avait été découvert à l’entrée de la rade de Lorient. L’homme, pieds nus, entravé, avait un film plastique sur la tête. Laïla, visage fin, cheveux longs et bruns, portant un trench beige, écoute attentivement le magistrat. Elle dit quelques mots à la fin de l’exposé. « Je conteste tout ce qu’on me reproche. » La jeune femme, mise en examen pour assassinat, est en prison depuis juin dernier. Elle a demandé sa mise en liberté aux magistrats rennais. Demande refusée hier. Laïla est soupçonnée d’avoir tué Farid, l’homme de la valise, identifié par les enquêteurs grâce à une clé retrouvée dans une de ses poches. Farid tenait un salon de massage, « un établissement de prostitution », dans le IXe arrondissement de Paris. Laïla en avait repris la gérance. Elle avait embauché Elodie, une jeune lorientaise. Indic de la police Farid, décrit comme « dominateur et violent », était « le protecteur du salon », lit le président. En juin 2011, une dispute a dégénéré, selon le témoignage d’Elodie. Farid a reçu un coup de chandelier sur la tête, puis a été étranglé avec un câble d’imprimante. Son corps a été enroulé dans une bâche. Et mis dans une valise. Toujours selon la Lorientaise, les deux femmes auraient ensuite transporté la valise en Bretagne. « Vous avez pris un taxi. La course a coûté 700 €. Le chauffeur s’en souvient. Vous lui avez dit qu’il y avait de la vaisselle dans la valise qui était très lourde », poursuit le président. Le père d’Elodie a réceptionné le bagage et l’a immergé dans la rade de Lorient. « Tout repose sur le témoignage d’Élodie, une jeune femme qui souffre de schizophrénie menant à des hallucinations. Elle n’est pas crédible, a plaidé Me Pierre Lumbroso, avocat de Laïla. La victime a été étranglée avec un câble ? Ça ne colle pas avec les résultats de l’autopsie. Farid était un indic des policiers de la brigade de répression du proxénétisme (BRP). Ses informations ont permis de faire tomber un gros caïd de Pigalle. Ce dernier est sorti de prison quelques jours avant la mort de Farid… » Pour l’avocat général, Pascal Bougy, il existe des indices « graves et concordants » justifiant un maintien de détention. « Il n’y a pas uniquement le témoignage d’Élodie. Il y a bien eu ce transport d’une grosse valise… »