On dit qu’elles sont victimes avant tout. Parfois c’est vrai. Et parfois non. Dans ce cas, on dit qu’elles sont nymphomanes. Anormales. Dans l’imaginaire collectif, les prostituées n’ont jamais dépassé ces deux extrêmes : pauvre petite chose fragile ou perverse voleuse d’hommes. Depuis l’explosion des réseaux, on préfère la première étiquette. Les médias présentent les prostituées exclusivement comme des mineures perdues, le coeur plein de larmes. Certaines féministes accréditent cette thèse, profitant de l’aubaine pour dénoncer les responsables : les hommes, créatures assoiffées de sexe qui prennent par au grand massacre de la femme. Les politiques suivent, avec cette nuance : victimes d’accord, mais laides à voir. En établissant le délit de racolage passif, Nicolas Sarkozy rêve de bitume propre.