Les Assises de la Marne n’accueilleront pas le 3 février, comme prévu, le procès de ceux qui sont surnommés les « amants diaboliques de Reims ». Et pour cause : l’un des deux accusés se trouve actuellement dans le coma. Selon France 3, Sylvain Dromard, accusé d’avoir assassiné son épouse, a eu un grave accident de la route lundi 1er février, vers 11h, alors qu’il se trouvait à Garchy (Nièvre), en route pour se rendre chez son avocat parisien. Une information confirmée par une source proche du dossier à metronews, qui précise que son véhicule a violemment été percuté par un poids lourd. Mardi, son état était toujours jugé critique et son pronostic vital engagé. L’homme souffrirait notamment de côtes cassées et d’un sérieux traumatisme crânien. Son procès est donc renvoyé à une date ultérieure. 11 coups portés à la victime Sylvain Dromard devait comparaître pour trois jours à compter de ce mercredi pour la mort de sa femme, une coiffeuse de Saint-Martin-d’Ablois. A ses côtés à la barre, sa maîtresse Murielle Bonin, qui elle est soupçonnée de « complicité d’assassinat ». L’affaire remonte au 15 juillet 2010 : ce soir-là, Laurence Dromard est retrouvée par son mari gisant dans une mare de sang à son domicile, le crâne défoncé. Ce dernier contacte aussitôt les pompiers : « Venez tout de suite, j’ai été cambriolé, ma femme est inanimée par terre, il y a du sang partout », leur dit-il au téléphone. Malgré l’intervention des secours, la coiffeuse de 43 ans succombe à ses blessures trois heures plus tard à l’hôpital. L’autopsie révèle qu’elle a été frappée à 11 reprises. Sur place, les enquêteurs ne trouvent aucune trace d’effraction. Mais il manque, c’est vrai, une enveloppe contenant de l’argent liquide et quelques bijoux. Le mari est entendu : au moment du crime, il était à un rendez-vous professionnel. Il a donc un alibi. Pour autant, les gendarmes décident de le surveiller. Et la traque paye : rapidement, ils découvrent que Sylvain Dromard entretient une relation passionnelle, depuis deux ans, avec une certaine Murielle Bonin, une employée d’un magasin de bricolage de 46 ans. Autre découverte : en 2009, Sylvain Dromard a même quitté sa femme pour vivre avec sa maîtresse. Mais après six mois de vie commune, en avril 2010, il a souhaité réintégrer le domicile familial. Laurence a accepté. Mais avant, elle a tout de même souhaité s’entretenir avec la maîtresse de son mari. L’entrevue a viré à la bagarre. Résultat, sept jours d’interruption de travail pour Murielle Bonin, qui a porté plainte. Ce qui n’empêche pas le couple Dromard de reprendre la vie commune, avec leurs deux filles. Même si en parallèle, l’homme continue de fréquenter sa maîtresse. « Se débarrasser d’une gêneuse » Une situation conjugale compliquée qui intrigue les enquêteurs, qui décident de consulter le téléphone la maîtresse. Ils ne seront pas déçus : quelques jours avant l’assassinat de la coiffeuse, Murielle Bonin échange des textos avec son amant, où il est notamment question d’un « plan » qu’il faut exécuter « avant le 17 ». Et le 17, c’était le jour où les deux époux étaient censés partir en vacances, soit 48 heures avant le crime. Le couple adultérin est alors placé en garde à vue. Et rapidement, Murielle Bonin passe à table. Oui, Sylvain a bien tué sa femme, avant de se rendre à son rendez-vous professionnel, c’est lui qui lui a raconté, assure-t-elle. Et l’arme du crime, une batte de base-ball – qu’elle a achetée pour lui un mois plus tôt – il l’a dissimulée dans le grenier de son entreprise, une menuiserie. Faux, répond de son côté Sylvain Dromard, qui martèle son innocence et met en avant que sa maîtresse avait promis « de se venger » au moment où il a décidé de regagner le domicile familial. Mais le juge estime avoir suffisamment d’éléments à charge : l’homme est alors mis en examen pour « assassinat », sa maîtresse pour « complicité d’assassinat ». Ils font une année de détention provisoire, avant d’être remis en liberté sous contrôle judiciaire, dans l’attente de leur procès. Entretemps, la maîtresse est revenue sur ses aveux, assurant désormais qu’elle n’était en rien au courant des funestes projets de son compagnon. Aujourd’hui, de nombreux proches de la victime sont persuadés que les deux amants ont tout échafaudé ensemble. Avec un mobile au final plutôt simple : « se débarrasser d’une gêneuse (…) qui les empêchait de vivre leur amour fou » estime Olivier Carteret, avocat des parents et des sœurs de Laurence, pour l’émission de TF1 Sept à huit. Et, au passage, s’épargner un coûteux divorce. Une accusation qui ne tient pas, selon la défense de Sylvain Dromard : « C’est un homme à femmes, qui a eu des maîtresses tout au long de son mariage et je pense que sa femme l’avait accepté. Je ne vois donc pas pourquoi tout d’un coup, il déciderait d’éliminer son épouse parce que sa maîtresse lui aurait intimé l’ordre de l’assassiner », fait valoir Me Lumbroso. Avant de préciser qu’il n’y avait ni « crise », ni « haine », au sein de ce couple. C’est ce même avocat que Sylvain Dromard s’apprêtait à voir lundi, quand il a été percuté par un poids lourd. Histoire d’un dernier entretien, avant l’échéance judiciaire, après cinq ans d’attente.